(1764 - 1767)

Qui fût donc la bête qui de juillet 1764 à juin 1767 terrorisa le pays de Gévaudan et fit 99 victimes, majoritairement femmes et enfants, recensées par les autorités de l'époque, un loup d'une taille bien au dessus de la normale ? Des loups enragés ? Un ou des hommes ?

Il ne m'appartient pas de donner la réponse, celle-ci étant, encore à notre époque, très discutée, voici les faits.

 

 

Tout commença par l'attaque manqué sur deux jeunes paysans du Gévaudan, les boeufs et vaches les ayant protégés, quelques jours plus tard ont découvrit la première victime de la bête au début de cet été 1764, elle avait quatorze ans, habitait au hameau des Ubats et s'appelait "Jeanne Boulet". Ont accusa d'abord les loups, nombreux dans cette région de France, mais peu de temps plus tard de nouvelles attaques visant femmes et enfants eurent lieu. Le nombre de mort grandissait et la bête restait imprenable malgré les nombreuses battues.

"Comment est elle ?" Nombreux furent les témoignages plus ou moins fantaisistes décrivant ce "monstre" : "Ses dents sont très longues, et sa gueule large, elle mesure le double d'un loup normal, son pelage est rougeâtre et barré d'une bande noire le long de son échine, elle pèse le poids d'un veau,...", plus étrange encore certains juraient l'avoir vu marcher debout ou porter ses pattes près de sa gueule afin de se protéger des balles, étonnant tout comme ses crimes commis tantôt au nord, tantôt au sud dans la même journée. C'était à coup sûr l'instrument du diable.

Sur le sol, de larges pattes griffues avaient laissé plusieurs empreintes profondes, la terreur s'installa, ce ne sont certainement pas les traces d'un loup !

Noël approchait, cela faisait six mois que la bête ravageait le pays, sa tête avait pourtant été mise à prix. Le Roi Louis XV et l'évêque de Mende avaient même offert une prime de 10000 livres à la première personne qui débarrasserait la région de ce fléau. Mais nul n'en vint à bout. C'est pourquoi on fit appel à l'armée et une compagnie de dragons s'installa à Saint-Chély-d'Apcher. Mais ces soldats faisaient autant de nuisances que la bête, ils affamaient les gens, jetaient les hommes qui ne participaient pas au battues en prison, attrapaient les paysans avec leurs pièges à loups, ...

La vie du peuple du Gévaudan ne fut pas simple, il était interdit d'utiliser le fusil alors leur seule fonction à été de rabattre les loups par centaines sur les dragons de l'armée, qui faisaient mouche sur des loups innocents, pendant ce temps là, la bête, elle, continuait ses méfaits.

Après de ridicules essais de la part des dragons qui allaient même jusqu'à se travestir en femme afin de tromper la bête, le roi décida de congédier ces incapables et envoya deux lieutenants de Louveterie : M. d'Enneval et son fils. Le Premier compte 1200 loups à son tableau de chasse et traque la bête sans répit, il commence d'ailleurs à s'intéresser de plus en plus aux alentours du village de Besseyre, sur les plateaux du Gévaudan, en effet c'est là que la bête fut perdu après une attaque manqué sur deux jeunes femmes, s'étant réfugié dans les bois de la Ténazeyre sa trace disparu miraculeusement comme si son odeur avait été masqué aux chiens.

Le garde du bois de la Tenazeyre s'appelait Antoine Chastel, c'était un homme étrange qui vivait à l'écart du village en sauvage, il revenait du continent Africain où il avait vécu plusieurs années après avoir été enlevé par des pirates Barbaresques, on dit que c'est là qu'il aurait appris la sorcellerie.

Malheureusement d'Enneval ne put continuer plus loin ses recherches, le roi rappela ses louvetiers et envoya à leurs place son arquebusier, Antoine de Beauterne, ainsi que 15 gardes-chasses royaux et plusieurs meutes de chiens spécialisés dans la chasse aux loups.

Pendant tout l'été 1765 ils ne virent pas la bête une seule fois, et à l'approche de l'automne nombreux sont les loups qui périrent sous les coups de feu des chasseurs, mais pas de bête. De Beauterne se refusant à quitter la région sans toucher la prime promise abattit un très grand loup le 21 septembre 1765 près du village des Chazes et déclara qu'il s'agissait de la bête. L'animal fut naturalisé et envoyé à Versailles où la cour s'extasia sur sa taille en faisant semblant de frissonner de peur, Beauterne lui empocha la récompense.

Le Gévaudan se croyait libre sans trop y croire après 57 victimes en 9 mois de temps, et il avait raison, le 2 décembre 1765,  2 enfants sont sauvagement attaqués, le 21 Agnès Mourgues 11 ans est tuée, décapitée et à moitié dévorée, les agressions se faisant de plus en plus violentes.

La peur était trop forte, les messes, les prières et les pèlerinages se multiplient. Le 19 juin une grande battue est organisée dans les bois de la Tenazeyre, 300 hommes répondirent à l'appel dont chasseurs et rabatteurs. Jean Chastel, le père de l'étrange garde, fait bénir 3 de ses balles et son fusil, c'est dans un chemin dégagé que la bête, étrangement, l'attend, assise sur son train arrière, elle est calme, il ajuste son tir et la tue d'une seule balle, après 3 ans passé sous son règne ainsi mourut la bête du Gévaudan.

Dieu avait il choisi d'envoyer sa divine punition sur cette terre à travers cette fantastique bête, ou bien est-ce un clergé, ou des monarques soucieux du réveil imminent du peuple qui ont voulu faire revenir leur brebis dans le droit chemin de l'église et de l'autorité royale?